Renaud nous raconte son Ironman de Nice…

Shooting TTM AG-67Une journée en Enfer en Homme de Fer

“Il n’y a point de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin” : proverbe tibétain

Nice, Mercure promenade des anglais 3h17 du petit matin…assis élégamment en caleçon sur la cuvette de la salle de bain pour ne pas réveiller ma femme qui dort encore paisiblement, paré de mes décalcomanies dossardiens 1709 sur le mollet et le bras gauche, les pointes de seins parés d’une seconde peau visant à protéger leur intégrité physique (il y en a aussi sur les doigts de pieds des secondes peaux mais je trouvais l’évocation moins érotique pour le lecteur).., la troisième part de gatosport a du mal à passer…comme à Roth 1 an plus tôt.

Agissant telle la madeleine de Proust, me reviennent alors à l’esprit les souvenirs peu glamours du 12 juillet 2015 lorsque les 300 premiers mètres du marathon du mythique Ironman de Roth s’étaient soldé par une gerbe de pizza reine digne d’un pseudo étudiant fortement alcoolisé à peine post-pubère en fin de soirée place saint pierre…une jour de match du stade et de soirée mousse des infirmière (ou le contraire….euh non arrêtés de chercher cela ne marche pas…)

Qu’est-ce que je fous là ?

Inscrit depuis le 19 août 2015 à 10h24 alors que Roth couru le 12 juillet précédent « serait sans doute le premier et le dernier » (ma femme crie à la tromperie, mais je lui ai fait le même coup avec les marathons et… les enfants, à un moment, quand on croit encore au père noël à plus de trente ans, il faut assumer aussi), je me retrouve 10 mois plus tard à l’aube (ou presque car il fait encore nuit) d’une journée paradisiaque. 2 800 concurrents s’élanceront à partir de 6h25 pour les plus rapides dans une eau à 17° pour :

  • 3 800 m (à condition de nager droit) de débats aquatiques
  • 180 km (sur la brochure) de visite touristique de l’arrière-pays niçois sur un tracé offrant un peu plus de 2 000m de dénivelé positif (de vous à moi, je n’ai jamais trouvé cela positif le dénivelé mais bon…), tracé pour crevettes anorexique qui profitent de toutes les côtes pour doubler de manière insolente les hommes les vrais qui eux s’époumonent, s’éreintent, s’esquintent sans doute, et tout cas s’évertuent et s’entêtent à écraser les pédales pour éviter qu’un manque de vitesse combiné à un équilibre précaire ne les jette à terre. J’ai au passage une pensée émue pour la paire d’Antony (la paire de pédales bien sûr pour ceux qui n’auraient pas suivi et/ou qui auraient l’esprit mal tourné) qui devraient porter plainte pour maltraitance suite à Nice
  • 4 aller-retour sur la promenade des anglais à compter et recompter les lampadaires au cas où il en manquerait un…

Qu’est-ce que tu fous là ?

Pour le moment j’essaie (finalement sans succès) de finir le Gatosport…il faut vraiment que j’essaie le gâteau sport Isostar….me dis-je alors, prenant soudainement conscience de mon infidélité crasse à l’heure du gros déjeuner à l’égard de mon principal sponsor (si si à mon niveau une gourde gratuite cela compte comme du sponsoring). Cela ne passe décidément pas, tant pis je suis puni par là ou j’ai pêché (ou pichot mais en tout cas pas chopé) c’est moral.

Nice, Mercure promenade des anglais (autre sponsor, sisi je gagne des points Accors à chaque fois que je les cite….) 4h45 du petit matin, c’est l’heure, après des années d’entrainement, armé de tout mon courage, les muscles bandés, le corps sanglé dans la tri-fonction du TTM, bien déterminé à ne pas faiblir et à ne surtout pas abandonner quoi qu’il puisse arriver………… je réveille Lotte. Première épreuve de la journée réussie avec succès…

Je fais ensuite un rapide allez retour au parc à Vélo pour vérifier que mon fidèle « Canyon CF Speedmax 8.0, M, 53/39*11 Di2 Garmin 510 Mavic CRX80 devant/derrière Power2max» alias Tornado est toujours là, gonflé à bloc ou en tout cas à 8.5 bars et que la pluie n’a pas entamé son allant. Il piaffe le bougre, impatient d’en découdre et surtout d’en descendre des cols. Un passage par la chambre du Mercure Promenade des anglais (et hop 200pts) pour enfiler ma combinaison Aquaman Gold et

Je me dirige résolu et d’un pas léger,

Accompagné de ma bien aimée

Et de mes aînés

Vers la ligne d’arrivée

….oui je sais techniquement c’était plutôt celle du départ mais c’était plus facile pour la rime

Et arrêtez d’ergoter,

C’était juste à côté.

Sous moi donc cette troupe s’avance,
Et porte sur le front une mâle assurance.
Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au bord,

Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !
J’en cache les deux tiers, aussitôt qu’arrivés,
Dans le fond des sas qui lors furent trouvés ;

Le reste, dont le nombre augmentait à toute heure,
Brûlant d’impatience, autour de moi demeure,
Se presse sur la berge, et sans faire aucun bruit
Passe lunettes et bonnets au bout d’une si belle nuit.

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente bouées

Tant Redoutées

C’est alors l’attente…..

What the fuck are we doing here ? (à prononcer ouate ze feuque rrrrrrrrr oui douingue ire pour les anglophobe qui veulent saisir les rimes)

Me demande alors dans la langue de sheakspeare (à prononcer chèque qui expire)

Le beau gosse californien

Qui se trouve être mon voisin

Au moment de partir

Je tente alors de lui expliquer dans la langue de Molière

Que nous sommes à l’aube d’une journée Meetic (euh non journée Mythique, on parle d’une soirée Meetic je suis con)

Qui verra consacrés Oronmen et dames de fer à son issue

Des athlètes qui pour le moment…se pissent dessus (au sens propre ce qui est un comble car ce n’est en soi pas propre).

Pile à ce moment-là et Face à la Mer,

Seul au milieu de la foule qui m’entoure et qui roule (bah oui c’est pour cela que cela s’appelle un Rolling (rot ligne) Start)

Emportés par la foule qui nous traîne

Nous entraîne

Écrasés l’un contre l’autre

Nous ne formons qu’un seul corps

Et le flot sans effort

Nous pousse, enchaînés l’un et l’autre

Entraîné par la foule qui s’élance

Et qui danse

Une folle farandole

Je mesure l’immensité

Qu’offre à nos regards embués

La belle-mère Méditerranée

Toute parée de son bleu azuré.

Me reviennent alors à l’esprit les heures passées

Sur mon home trainer à m’entrainer,

Les longueurs dans les piscines enchainées

et les kilomètres avalés

Le numéro des pompiers,

Celui du Samu et de SOS Amitié…

Mais comme disait l’autre ce n’est pas l’arrivée qui compte (et en l’occurrence encore moins le départ), mais le chemin parcouru depuis le 23 novembre 2015, date d’ouverture de la chasse aux kilos et aux kilomètres. C’est donc l’heure du bilan à quelques minutes du départ (une seconde c’est drôle ca non, heure, minutes, seconde, non ????? ah bon je croyais).

Nice, avant même de franchir la ligne (de départ pas celle d’arrivée pour ceux qui suivent…pas comme Gino à Lacanau J) c’est d’abord :

204 148 calories brûlées (l’équivalent de 10 207 gels Isostar)

269 entraînements sur 335 heures et 2 613 000 battements de cœur

4 890 kilomètres parcourus dans les trois disciplines

6 920 longueurs de piscine

117 640 coups de bras

2 doigts retournés

et les conseils de Nico, Elodie, Fred et Rémi

3 768 km de vélo,

684 000 coups de pédales et deux Everests gravis,

avec Jérôme, Este, Aurel, Gino, Mathias, Victor, Guillaume et Guillaume, Cédric pour les plus assidus

et 1 552 km de home trainer pour le mal de cul

1 162 kilomètres de course à pieds

Des tours et des tours de stade sous l’œil bienveillant de Fred, Julien et Victor

1 5 km, une Corrida de Toulouse, 1 10km , 2 semi-marathons, un Marathon de Paris avec les amis

1 066 000 pas

1 stage en Espagne de 32 heures d’entraînements sous le coaching d’Antony Coste, Le Tigre

Et une semaine de chambrée partagée avec un pro non avare de conseils, Pierre Gaspariau

Les conseils avisés et les encouragements d’Aurélien Lescure

Des partenaires d’entraînement et des adversaires de compétition au top

1 Aquathlon, 1 triathlon S, un half Ironman,

Une VO2max estimée passée de 46 ml/kg/min à 54 ml/kg/min en vélo

Une VO2max estimée passée de 57 ml/kg/min (je sortais du marathon de Nice) à 58 ml/kg/min en CAP

Une VMA passée de 17.5 km/h à un peu plus de 18 km/h

Un taux de masse grasse passé de 13.2% à 9%

Quelques prises de têtes

455 000 calories de nourriture riche en glucides et pauvre en graisse ingurgitées

dont une bonne partie préparée avec amour par ma bien-aimée

740 kg de lessive

5 bouderies

3 hôtels du cul tourné

2 portes claquées

4 nuits sur le canapé (elle pas moi, il faut soigner la récup..)

Une menace de divorce

Une demande d’année sabbatique Ironman

Beaucoup d’amour et de soutien malgré tout

Tu sais donc ce que tu fous là !!!!!,

EN PROFITER AU MAXIMUM et accessoirement essayer d’atteindre trois objectifs :

Nager en moins d’1h05

Rouler à 225 W de moyennes

Courir le marathon sous les 4 heures

Et dans mes rêves passer sous les 11 heures après les 11h23 de Roth l’an passé

Mais à ce stade les longues heures de méditation qu’autorisent les entraînements en Z1 et Z2 dans les trois disciplines m’ont convaincu que ce n’est pas le l’objectif qui compte mais le chemin qui y mène. Je résumerai donc ma course en quelques lignes car l’essentiel est déjà dit :

2 808 moulinets avec les bras (oui oui Nicolas, la glisse, je sais) plus tard je sors de l’eau en 1h04

Après 25 112 coups de pédales (je sais Jérôme, ma cadence est trop faible) je pose le vélo en 5h44 avec 230 Watts de NP

Je sors de T2 en 7h00, il me reste donc 4h00

32 720 pas (hors transition) (et oui je sais Julien et Victor, je dois allonger la foulée) après, je boucle le marathon en 3h49…

10h50, objectifs atteints….

pour autant, 522 ème au général et 114ème V1, Kona ce n’est pas la porte à côté mais en plus j’en suis loin J

Qu’en est-il une semaine après

Toujours vivant, rassurez vous
Toujours la banane toujours debout
J’suis retapé, remis sur pieds
Droit sur mes guibolles ressuscité

Tous ceux qui tombent autour de moi
C’est l’hécatombe, c’est Guernica
Tous ceux qui tombent, tombent à tour de bras
Et moi je suis toujours là

Merci à tous mes compagnons d’entrainement et notamment au groupe long

Merci à mes compagnons de route, Anto, Este et JC

Merci aux supportrices d’un jour et notamment Marine et Mathilde

Merci aux supporters de toujours, Lotte, Lila, Sasha, Emma et Luka

Qui m’ont supporté au sens propre comme au figuré…

4 réflexions sur « Renaud nous raconte son Ironman de Nice… »

  1. Didier M

    25 tonneaux de sueur et peut-être de larmes, des sacrifices, de la souffrance … Tu as tout donné pendant 6 mois mais l’aventure fut belle et la performance est au rendez-vous.
    Chapeau Monsieur Cormier, l’Homme de Fer !

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  2. Yannick (B)

    Bravo Renaud pour la performance de reporter d humoriste et d athlete ..(prononcer rha…!)
    J ai participé ausi à cette jolie farandole niçoise avec mon club des sardines de Marseille…
    Toulousain en septembre, je cherche un club pour entretenir le chemin.(*)

    En attendant rendez vous le 31 juillet 2016 pour le triathlon de Marseille et en octobre un triathlon de Cassis magnifique!
    A bientôt et encore Bravo!
    Yannick

    (*) cf citation thibétaine de ton introduction

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    1. renaud

      Le TTM sera ravi de t’acceuillir en septembre si tu cherches un club sympathique mais très structuré. Malheureusement Marseille (fait 2 fois par le passé) et Cassis ne seront pas compatible avec mes dates de courses actuelles.

      Si déjà sur septembre le 11, il ne faut pas manquer de participer au Triathlon Toulouse Métropole…

      http://ttm.triathlontoulousemetropole.com/

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